Eclipsa : une association sourcienne

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Eclipsa est une association d’éducation populaire créée pour aider au maintien et au développement du lien social dans le quartier de la Source.

Elle est affiliée à la Confédération Syndicale des Familles Image2

Le lien social, c’est avant tout ce qui permet de vivre ensemble, et de vivre bien ensemble.

Dans cet objectif, elle a particulièrement orienté son action auprès des familles, des enfants et des jeunes. Sa volonté est de créer des espaces dans lesquels la communication, la réflexion et le lien durable avec les autres soit possibles, pour que les publics deviennent des citoyens responsables à part entière dans un esprit républicain de liberté et de laïcité.

Structure légère, Eclipsa fonctionne grâce à des bénévoles et des professionnels profondément et de longue date « ancrés » dans le quartier de La Source.

Cet « ancrage » associé à la souplesse de son fonctionnement, permet à Eclipsa d’adapter régulièrement ses actions à l’évolution des besoins sociaux des habitants.

Eclipsa : avant tout, des actions de terrain

Association consacrée à l’action de terrain, Eclipsa privilégie la collaboration avec les acteurs locaux et les partenaires institutionnels et sociaux présents sur le territoire.

Son fonctionnement s’inscrit donc dans une logique de projets concrets régulièrement négociés avec ses partenaires, acteurs de terrain comme Eclipsa, pilotes des politiques ou financeurs.

Entre 2009 et 2013, les principales actions d’Eclipsa ont porté sur :

  • le rétablissement des relations entre les parents, les collèges et les enfants en grandes difficultés scolaires
  • l’animation d’ateliers inter générationnels
  • l’accompagnement des jeunes à la recherche de stages ou d’emplois
  • l’organisation de groupes de parole et d’échanges
  • la co-organisation, avec la Confédération syndicale des Familles (Csf), de sorties culturelles pour les familles et les jeunes
  • le développement des réseaux d’échange de savoirs et le développement de l’implication de l’association dans le dispositif du Reaap(réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents)
  • le partenariat avec plusieurs associations Sourciennes ou Orléanaises : Cent Soleils, Csf, Cidff, Femmes plurielles, …
  • l’aide aux vacances des familles avec la Caf (projet Vacaf)
  • le développement d’actions en direction des jeunes : « Tintin chez les Sourciens », afin de les mettre en résonance avec l’actualité cinématographique mondiale lors de la sortie du prochain film de Stephan Spilberg
  • la valorisation de la parentalité avec la Csf et Cent Soleils dans le cadre du projet Portraits de familles »
  • les fresques sur la Justice et sur la Laïcité

Eclipsa 2014

En  2014 Eclipsa confirme ses engagements avec les familles et les jeunes du quartier de La Source et s’engage sur de nouvelle actions :

  • Projet « Eau » : un projet pédagogique pour sauvegarder cette ressource essentielle et diminuer les factures des familles
  • Cuisine du Monde
  • Vacances à Saint Brévin
  • Projet Jeunes du quartier – Accompagnement et Tutorat
  • Expression des femmes -groupe de paroles – préparation au forum des femmes du Loiret.
  • Accueil des enfants des familles adhérentes les mercredis après-midi et vacances scolaires.

Bilan 2018 de #ProjectionLS

Cet article, tiré du bilan de l’action produit pour le CGET (un des financeurs de l’action), permet d’avoir une vue d’ensemble sur les actions réalisées, les réussites obtenues et les points d’amélioration. Bonne lecture et n’hésitez pas à partager vos commentaires!

 

Rappel des objectifs

Par le biais de ce projet nous avons cherché à donner accès à une information de qualité aux publics visés, à questionner notre approche des médias, à libérer la parole sur des sujets qui les préoccupent par l’organisation de débat dans un cadre bienveillant et une méthodologie inclusive, et à favoriser le vivre ensemble, la lutte contre les discriminations et contre l’isolement. Le but était de le faire à travers un programme d’actions (réunions de groupe, participation à des réunions publiques, etc.) et de temps forts (projections/débats) qui s’appliquaient à renforcer une pratique culturelle des habitants des quartiers prioritaires de la métropole (qui en sont souvent éloignés) tout en les renforcant dans une pratique active de la citoyenneté. Un des autres objectifs étaient de susciter un engagement et une implication des personnes visées dans une perspective qui s’inscrit dans la durée. Finalement, ce projet était aussi l’occasion en interne de former un nouvel animateur aux enjeux de la laïcité, de la citoyenneté et du débat démocratique, et d’assurer une transmission du fait du départ en retraite de notre animatrice historique.

Effets obtenus :

7 projections (sur 8 prévues initialement) ont eu lieu, toutes sur des sujets de société choisies en fonction des problématiques exprimées par les habitants des quartiers visés. 8 réunions collectives (« Groupe Opérant ») ont été effectuées avec une participation restreinte (noyau dur de 6 personnes allant parfois jusqu’à 8) mais constante tout au long de l’année, et avec une forte volonté de poursuivre les échanges sous cette forme en 2019. Une participation à nos événements dans l’ensemble très suivie (malgré une réussite moindre dans le quartier de l’Argonne) avec notamment des personnes qui revenaient un mois sur l’autre et la venue de nouvelles personnes, jusque là inconnues de notre association. Nous avons observé que le public appréciait fortement le format, plébiscitant son aspect participatif et ouvert, et l’ambiance générale de confiance, de respect, de non-jugement, ainsi que la valorisation de la parole de chacun. Ainsi, à part quelques exceptions, nous avons réussi à faire parler à chaque fois quasiment tous les participants des débats (certains partaient toutefois entre la projection et le débat sans donner d’explication). Et même pour celles restant silencieuse, nous avons obtenus des retours très positives sur les événements proposées, laissant apparaître un véritable intérêt pour les sujets traités et l’acquisition d’éléments difficilement objectivable (auto-estime, confiance en soi, croyance positive dans la société, etc.) pour une grande majorité des participants. Le succès fut également palpable pour les organisateurs (association Eclipsa et ses partenaires), permettant une véritable montée en compétence des personnes ayant participées à l’organisation et le bon fonctionnement du projet dans son ensemble.

Effets imprévus :

Nous nous attendions pas à obtenir un si grand engouement pour le format qui semble avoir véritablement séduit les participants, parmis lesquels certains nous demandait après la dernière projection de l’année si le projet serait reconduit en 2019. De même, nous ne pensions pas obtenir tant de succès, notamment auprès d’un public jeune, lors de la projection organisée au sein de l’ASELQO Blossières, qui nous a permis en plus d’aborder des sujets délicats auprès de cette population : les thématiques du genre et les différences sexuelles. Il faut à ce titre saluer l’effort et l’implication des équipes pédagogiques et administratives de ce centre social avec lequel un travail de qualité a été réalisé. Finalement, nous n’imaginions pas un tel succès de la problématique de la santé (manque d’accès à la médecine et désertification médicale) qui a constitué dans les deux quartiers de la Source et de l’Argonne le sujet prioritaire à aborder selon les personnes interrogées.

Difficultés rencontrées :

La participation limité à l’Argonne fut une source de déception, peut-être due au choix de la date (seule projection ayant eu lieu un vendredi et non un samedi). Cependant les invités de ce jour (notamment : un ancien médecin généraliste du quartier, la coordinatrice de la maison de la santé du quartier, la député de la circonscription) et la qualité des débats ont permis de nuancer cette contre-performance. De même il aurait été permis d’attendre plus de participants aux Groupe Opérant, même si nous savions la grande difficulté à susciter l’engagement et que nous félicitons par ailleurs de la constance obtenue tout au long de l’année. Une autre problématique à laquelle nous n’avons pas trouvé de solution (à part pour le cas notable des Blossières) est la faible participation de jeunes dans nos projections, malgré une campagne active de communication tant physique dans le quartier de La Source (affiches, flyers) que via les réseaux sociaux. Finalement une des plus grandes difficultés fut le non remplacement de notre animatrice pour des raisons économiques qui nous a obligé à fonctionner sur un effort bénévole plus important qu’initialement prévu.

Ajoutons en guise de conclusion quelques informations relatives au budget:

Entre le budget prévisionnel et le réalisé nous observons différents écarts sur les produits dus à plusieurs facteurs:
– Non obtention d’une aide exceptionnelle de la région,
– Non obtention d’une aide du bailleur Pierres et Lumières
– Obtention d’une aide équivalente à 50% du montant demandé de la
part du CGET
De ce fait des choix ont dû être fait concernant les dépenses
(charges):
– Achats moins élevés que prévus (matériel pédagogique, achats de
droits de diffusion, etc.)
– Budget publicité revu à zéro
– Réduction des rémunérations intermédiaires et honoraires
– Non défraiement des intervenants bénévoles
Mais aussi:
– Augmentation des frais bancaires
– Non réalisation de l’embauche prévue en CDI d’un nouvel animateur
– Et par conséquence augmentation de la contribution en nature
« bénévolat »

 

 

Désertification médicale à Orléans: analyse de la situation

Photo CHRO

Cet article est le premier d’une série qui va chercher à rendre compte du travail effectué par l’association ECLIPSA durant l’année 2018 sur le thème de la désertification médicale à Orléans. Il s’inscrit dans le cadre du projet #ProjectionLS et des différentes rencontres qui ont ponctuées notre action :

  • La diffusion aux Arteliers de la Source du film « Le maire, le druide et le toubib » le 10 février 2018 et le débat qui a suivi  (ainsi que des discussions antérieures à cette rencontre)
  • Les différents échanges du « Groupe Opérant » ayant eu lieu suite à cette projection
  • Une nouvelle diffusion du même film à l’Argonaute (quartier de l’Argonne), suivi d’un débat avec la présence notamment de notre députée Stéphanie Rist
  • Différentes rencontres et échanges avec des habitants d’Orléans, mais aussi avec des acteurs institutionnels comme l’ARS (Agence Régionale de Santé)

Nous aborderons ainsi dans ce premier article une analyse de la situation actuelle depuis le point de vue des différents intervenants (citoyens et experts), avant d’aborder plus tard les problèmes concrets tels que vécus par la population de la ville et leurs implications, ainsi que les spécificités de la source dans ce contexte. Le dernier article sera consacré en guise de conclusion à l’énonciation d’idées pour remédier à cette situation devenue critique. De la sorte, nous espérons apporter au débat citoyen et aux preneurs de décisions des éléments concrets d’analyse et des pistes de solutions pour permettre de faire respecter « le droit à la santé » dans notre ville et nos quartiers.

De la nécessaire réflexion citoyenne

Il est parfois difficile de s’y retrouver dans les raisons qui font qu’aujourd’hui, dans de nombreux territoires urbains et ruraux comme c’est le cas à Orléans, il soit de plus en plus difficile d’avoir accès à la médecine. La situation est complexe et difficile à décrypter, les causes du problème étant multiples. Cependant cette complexité ne doit pas empêcher les citoyens directement impactés par cette situation de réfléchir à la situation, d’en dénoncer les méfaits et de chercher des solutions à leur niveau.

Nous nous en tiendrons ici au conditionnel dans le sens où cette analyse ne résulte pas d’une étude exhaustive et scientifique du phénomène, mais de l’échange entre les participants lors des différentes réunions organisées. Elle est donc par nature partielle et incomplète, bien qu’elle recoupe néanmoins un grand champs de causes possibles.

Premières pistes: entre action publique et évolutions sociologiques

Face à la situation catastrophique d’Orléans concernant l’accès au soin, de nombreuses raisons ont été évoqués lors des différentes rencontres: ont ainsi été abordés la question du numerus clausus (qui limite l’accès aux études de médecine aux étudiants de deuxième année, et qui reste bas malgré une récente augmentation), le vieillissement et l’augmentation de la population au niveau national, les nombreux départs en retraites de médecins planifiés par les pouvoirs publics dans les années 90 de façon à faire baisser les dépenses de santé (mécanisme du MICA, voir cet article de 1997; certains parlent même de « pénurie médicale organisée »), mais aussi le fait qu’Orléans ne possède pas de faculté de médecine (voir le travail mené par le Citlab sur cette question), la mauvaise répartition des médecins selon les régions (voir cette article de l’observatoire des inégalités), ou encore une population de médecin par habitant inférieure à la moyenne des autres pays européens (ce qui n’est pas forcément confirmé par les chiffres de l’OCDE).

Il a aussi été dit que la façon de travailler des médecins avait changé avec le temps. Ceux qui viennent de se former ne voudraient plus travailler comme leurs ainés. Notamment, ils seraient moins enclins à travailler en libéral et semblent favoriser le salariat. Les tâches administratives paraissent ainsi être devenue un frein à l’installation. Autre évolution: ils ne souhaiteraient plus travailler 70h/semaine ou plus, mais veulent pouvoir avoir une vraie vie de famille et du temps libre en plus de leur travail. Il semblerait également qu’une évolution sociologique ait eu lieu ces dernières décennies avec de plus en plus de femmes formées (là où avant la profession était plutôt réservée aux hommes), lesquelles ont à la fois une conception et une pratique du métier différentes, et ont plus tendance à devenir spécialistes que généralistes.

Le rôle de l’état français

A été pointé du doigt à plusieurs reprises un problème de planification de la part de l’état et des instances en charge de la santé, qui auraient pu prévoir le vieillissement de la population et le besoin en formation de médecins. Persiste pour beaucoup de personnes le doute de savoir si une logique financière serait responsable de ces choix politiques au cours des dernières décennies (sur le modèle moins de médecins = moins d’actes de santé = moins de dépenses, voir l’article sur le MICA déjà cité). Cette possible logique financière est dénoncée comme une vision à court terme, tant le fait d’éviter des dépenses de santé aujourd’hui peut avoir des répercutions sur des dépenses à venir. En effet, à moins se soigner on risque de multiplier les prises en charges tardives et laisser des problèmes de santé bénins devenir graves, et donc plus couteux… (antagonisme entre prévention et réparation). Au delà de cet aspect purement financier, c’est aussi la santé (et donc la vie) des citoyens qui est en jeu, comme nous le rappelle le cas récent de Naomi Musenga qui a marqué toute la France. Il existe donc un risque que cette problématique de planification se transforme à terme en un véritable problème de santé publique.

Toujours concernant l’action publique, certaines personnes ont pointé du doigt les statistiques de l’Agence Régionale de Santé (celles-la mêmes qui se retrouvent sur les bureaux de nos décideurs locaux et nationaux) comme étant faussées. Bien qu’il soit difficile de prouver une manipulation des chiffres, nous constatons qu’en général l’ARS est perçue comme une institution qui soit à peu de pouvoir pour agir sur cette situation, soit l’utilise mal. Au cours de notre action, nous avons été amené à nous réunir dans les locaux de l’ARS Centre val de Loire avec d’autres acteurs engagés dans la recherche de solutions concernant la question spécifique du quartier de la Source. Le résultat de cette réunion fut l’annonce par l’ARS et la mairie d’Orléans d’une action devant mener notamment à l’embauche d’une coordinatrice pour la maison de santé Simone Veil (voir l’article de la république du centre). De notre côté avec Eclipsa, nous avons sollicité à cette institution (ainsi qu’au médiateur de la SECU) l’obtention d’une liste de médecins généralistes et spécialistes acceptant de nouveaux patients.  Jusqu’à ce jour nous n’avons pas obtenu de réponse.

Certains participants des débats vont plus loin et pointent du doigt un manque de volonté et de courage politique de la part des différents gouvernements récents pour faire évoluer favorablement la situation. Il a ainsi été dénoncé le fait que les médecins sont une catégorie socio-professionnelle surreprésentée dans le parlement (« lobbying » et « corporatisme » sont des mots qui sont revenus souvent à la bouche des intervenants), qui n’a aucun mal à défendre ses intérêts. Selon les tenants de cette analyse, d’autres manière de faire et de concevoir la médecine pourraient être envisagée qui seraient plus à l’écoute des besoins concrets de la population, et moins de celui du confort des professionnels (concernant le désormais fameux débat sur la liberté de choix d’installation, voir ces deux articles ici et ici).

Mise en concurrence des territoires et coût du système de santé

Un autre problème soulevé dans l’analyse de la situation est la mise en concurrence des territoires entre eux (autrement appelé « attractivité des territoires », qui dépasse la seule problématique de la santé, voir ici et ici). Cette pratique, qui n’a pas d’impact que sur la question de l’installation des médecins, a été pointé du doigt comme une logique délétère. Notamment s’est posée la question des aides à l’installation (voir ici) qui font peser encore plus de poids sur les finances publiques, sans pour autant donner de résultats tangibles au niveau macro. En effet, si chaque territoire devient concurrent du voisin, alors certains de par leurs caractéristiques géographiques ou économiques deviendront surdotés pendant que d’autres resteront en crise. C’est le cas notamment des quartiers dits « sensibles », comme celui de la Source à Orléans, qui souffrent contre leur gré d’une mauvaise réputation et peinent à attirer de nouveaux médecins. Il apparait de ces problématiques de mise en concurrence des territoires et d’aides à l’installation qu’il manque une vraie compréhension des critères à l’installation des médecins eux-mêmes. Cette question reste ouverte.

Un autre problème qui fut en définitive peu abordé mais qui pourtant à sa place dans cette synthèse des débats est celui du coût de notre système de santé, relativement élevé comparativement à d’autres pays de l’OCDE, et porté par la collectivité. La question qui peut se poser est celle de la justification du coût en fonction de la qualité des soins reçus. Il peut par exemple être difficile d’accepter une augmentation de la CSG, alors même qu’on a de moins en moins accès aux soins.

Problème d’échelle?

Finalement, nous le voyons, les causes du problème sont souvent d’ordre national et il apparaît difficile de résoudre localement un problème dont les ressorts sont nationaux. Pourtant, et tel qu’il en est fait la preuve dans le film « Le maire, le druide et le toubib », les échanges à Paris avec les acteurs nationaux restent le plus souvent des dialogues de sourds. Il existe, dans toute l’histoire de ce dossier, une forme de déconnexion entre les réalités du terrain (voir les articles à venir sur les problèmes concrets et les spécificités du quartier de La Source) et les décisions prises par le ministère de la santé ou les pouvoirs publics en général.

Alors, si même un maire ne peut convaincre des élus ou un préfet, que pourront faire quelques habitants issus des quartiers d’une ville de taille moyenne comme Orléans? Dans le cadre de notre projet (supporté en partie par la politique de la ville et la mairie) nous leur donnons la parole et ce sont eux qui ont voulu parler de ce sujet qui les concerne directement. Le risque à ne pas les écouter est de générer plus d’exaspération, de rejet contre l’action publique.  C’est ce que nous rappelle trop bien l’actualité et le mouvement en cours des Gillets Jaunes…

De l’importance du lien social pour faire société

Lors de la 5ème rencontre de #ProjectionLS qui a eu lieu samedi 23 juin 2018, a été diffusé le film « On est pas là pour marcher tout seul » qui aborde le thème de la solitude et du besoin transversal de lien social. Ce fut l’occasion de la sortie officielle du DVD de ce film réalisé à la Source en 2016. Un échange productif a suivi la projection du film dans lequel de nombreuses pistes ont été abordées pour lutter contre le fléau du replis sur soi et de la solitude.

La solitude est un mal silencieux, une souffrance souvent invisible et qui pourtant a des effets dévastateurs sur nos vies, et des répercutions grave dans la société. Il peut tout autant s’agir de « petits riens » : un moment de déprime, un mal être au travail ou un sentiment d’incompréhension dans le couple. Mais ce même mal est aussi source de phénomènes bien plus grave comme le suicide ou la radicalisation de la jeunesse (sectes et intégrisme religieux de toute sorte, qui sont autant de façon de retrouver une forme de « famille » pour celui qui se sent seul). Sans aller aussi loin, constatons néanmoins que ce sentiment est transversal et universel. Il s’exprime dans la culture (musique, cinéma, etc.), chez nos proches, ou même en nous. Il est source de tristesse, d’angoisse, de mal-être et, bien qu’il puisse parfois être constructif, il conduit souvent à des comportements mortifères (addiction, violence, etc.)

 

« On est pas là pour marcher tout seul » est un film local à plus d’un titre. Il est le fruit de la rencontre du réalisateur Edouard Carrion, de l’éducatrice d’Eclipsa Nélia Chihuaïlaf et du collectif d’artistes des Arteliers de la source (voir ici ou encore ici). Le premier souhaitait travailler avec une association de quartier afin de réaliser un film proche des gens, la deuxième a mis en place des ateliers d’écriture d’où est né le sujet du film (la solitude, ou plutôt, les différentes formes de solitudes) et son scénario et les troisièmes ont aidés aux décors, à la logistique et à la mise en scène. Dans un second temps, l’équipe s’est mise à tourner le film à l’aide d’acteurs professionnels (Zakia Allel et Christophe Thébault), semi-professionnels et amateurs (issus notamment de l’association Eclipsa et des Arteliers de la source). L’action se passe bien évidemment à la Source, et nous observons dans le film de superbes prises de vue de ce quartier que l’on découvre rempli de verdure. L’histoire nous amène à la découverte d’une famille qui passe par un moment de difficulté, ainsi que de différents habitants d’un même immeuble et leur relation naissante grâce à Élodie, une étudiante fraichement débarquée. Elle nous montre surtout les ressources qui peuvent être mobilisées quand on sait faire appel à l’autre et être à son écoute, et les solutions qui naissent de ces interactions.

Lors de l’échange qui a suivi la projection du film, les prises de paroles ont été unanimes pour féliciter l’équipe pour cette magnifique réalisation et valoriser le travail quotidien d’Eclipsa en faveur de la sauvegarde du lien social dans le quartier de la Source. Il a été rappelé le contexte dans lequel le film a été réalisé et les réactions qu’il a produit lors des différentes projections qui ont eu lieu en 2017. De nombreux sujets furent évoqués au long de la conversation pour chercher à comprendre les facteurs défavorables à la construction du lien social entre les habitants du quartier. Parmi ceux-ci, le manque de lien (quasiment inexistant, à notre grande insatisfaction) entre l’université d’Orléans, ses étudiants et les habitants du quartier, ou encore la « résidentialisation » de celui-ci à travers la mise en place de nombreuses clôtures séparant les espaces. Les participants se sont également étendus sur le manque de lieux de sociabilité et l’absence de mixité de genre dans les quelques lieux existants. Au delà de ces sujets spécifiques au quartier, ont également été abordées des thématiques plus générales qui sont elles aussi à l’origine d’un sentiment de solitude, comme le traitement réservé aux anciens dans notre société, la problématique du manque de confiance dans les relations humaines, ou le manque d’éducation des personnes que l’on croise dans la rue (on a ainsi parlé à plusieurs reprises du manque de « regards » entre les gens, ou de comportements aussi simple que « dire bonjour » ou « tenir la porte »  qui sont devenus rares selon certains).

 

Finalement, un des points majeurs de cet échange fut d’admettre qu’il est important de pouvoir compter sur les autres et que l’on est plus fort à plusieurs que tout seul. Comme tel, il fut rappelé à quel point il est éminemment important de ne pas se renfermer sur soi mais bien d’échanger, de s’ouvrir à l’autre, de faire confiance. Le « vivre ensemble », au delà de l’expression pleine de bons sentiments et de récupérations politiques en tout genre, fait véritablement sens lorsque l’on parle de solitude. Une société n’est pas la somme de ses individualités, elle est avant tout les échanges qu’elle produit. Si ces échanges sont faits de mésentente, d’incompréhension et de violence, comment peut-on attendre qu’elle soit juste et prospère? Dans un quartier comme la Source, de même qu’ailleurs, nous sommes bien obligés de « vivre ensemble », bon gré, mal gré, sans quoi nos enfants ne pourrons pas apprendre à « faire société ». Et cela n’est pas plus évident ici qu’ailleurs, bien au contraire. Quartier aux milles racines, la Source est remplie de personnes qui ont tant à partager et pourtant si peu à se dire…

Alors comment fait-on? Quelle stratégie mettons-nous en place pour favoriser les échanges et le lien social, l’écoute et l’acceptation de l’autre et ainsi lutter contre la solitude et le replis sur soi? Quelques pistes furent évoquées vers lesquelles travailler de façon collective. Parmi celles-ci retenons l’importance, donc, de posséder des lieux de sociabilités ouverts à tous (toutes origines, genres, et âges confondus) comme nous cherchons d’ailleurs à le faire chez Eclipsa. Il faut ainsi valoriser et soutenir les initiatives des associations de proximité dont le bénéfice est incalculable pour la société. Mais aussi, au quotidien et plus individuellement, nous devons apprendre à aller vers l’autre, lui sourire, lui parler, et lui donner de notre attention. Cet autre c’est notre voisin de palier, notre collègue de travail, l’inconnu dans la rue ou même les membres de notre famille, toutes ces personnes que l’on a tendance à « abandonner à leur sort », selon l’expression consacrée, et chez lesquelles pourtant nous avons tant à découvrir!

 

A l’issu du débat, et comme à notre habitude, nous avons poursuivi nos échanges de façon informelle autour d’un buffet partagé et d’un peu de musique. L’occasion de tisser de nouveaux liens?

 

Pierre Simon

 

Pour aller plus loin:

https://www.facebook.com/Eclipsa45/

 

Retour sur un malentendu

La projection du film documentaire « Le grand malentendu » samedi 14 avril aux Arteliers de la Source a été l’occasion de libérer la parole sur le thème du rapport parents/école. Le débat qui a suivi le film a permis un échange constructif sur un sujet vieux comme l’école, et pourtant toujours aussi actuel.

 

A l’appel de l’association Eclipsa, le film « Le grand malentendu » de Dominique Delattre a été projeté aux Arteliers de la source samedi 14 avril dernier. L’idée était, dans le cadre de #ProjectionLS, d’aborder le thème de l’éducation. En effet, notre travail de terrain nous a permis d’identifier une problématique qui n’a rien d’une nouveauté mais qui pourtant est un sujet de préoccupation pour de nombreuses familles de nos quartiers : celle du rapport entre les parents et l’institution scolaire (de la maternelle au lycée).

Car aujourd’hui encore, et malgré l’engagement de l’éducation nationale et de nombreux acteurs (dont le réseau EPE 45 et la FCPE du Loiret, tous deux présents samedi), le manque de communication est parfois criant entre les responsables de l’éducation des enfants. Le fait que la co-éducation (voir ici) soit reconnue par les textes de loi, n’empêche malheureusement pas ce problème de perdurer. Pourtant, tous les parents se sentent concernés par l’avenir de leurs enfants et celui-ci passe souvent par une réussite scolaire. Alors quelle est la raison de ce problème? Est-ce par manque d’implication des parents ou du fait d’une lacune du système scolaire?

Rien ne sert d’opposer parents et école

Le film de Dominique Delattre le montre bien : rien ne sert d’opposer parents et institution scolaire dans l’analyse de cet échec. Il s’agit au contraire dans chaque école, sur chaque territoire, et tout au long de chaque année scolaire de poursuivre cet effort de construction d’une relation pérenne. C’est une bataille qui n’est jamais gagnée d’avance. Le pédagogue Philippe Meirieu, interrogé dans le cadre du film, explique qu’il est essentiel d’éduquer les parents sur les enjeux de la pédagogie, telle qu’appliquée au sein de l’école de leurs enfants. Autre sujet clé abordé dans le film concernant les parents: la question de l’éducation à l’orientation, sans quoi beaucoup finissent par se faire déborder par un système sur lequel ils n’ont que peu de prise.

Car on constate qu’au final le modèle que les parents appliquent le plus souvent est celui qu’ils ont eux même expérimenté, même si celui-ci a été violent pour eux ou a mené a un échec. Mais alors, comment rompre avec cette dynamique de reproduction des inégalités et redonner son rôle d’ascenseur social à l’école? Plusieurs pistes sont abordées dans le film. Il invite tout d’abord les parents à être physiquement présent dans l’école, la seule façon pour eux de comprendre vraiment ce qui s’y passe, et un des meilleurs moyens de rétablir ce lien qui manque avec les professeurs. Idéalement, il faudrait également que les enfants comprennent que leurs parents ont eux aussi eu des difficultés à l’époque de leur scolarisation. Cela permet aux élèves de prendre du recul, d’être moins stressé au quotidien et cela redonne aux parents ce rôle de modèle à suivre, un modèle accessible puisque imparfait. Mais l’effort doit aussi venir de l’institution qui doit chercher à prendre en compte le savoir faire des parents. Le film soulève que l’école devrait peut-être chercher à enseigner plus que des connaissances, quelque chose comme apprendre à devenir autonome.

Un sujet qui fait beaucoup parler

Les échanges qui ont suivis la projection du film ont été riches en informations et en émotions. Nous avons pu le vérifier, ce sujet est véritablement source de préoccupation et nous avions dans notre public un certain nombre de parents et de professeurs concernés. Sans rentrer dans le détail des échanges, notons que certains remontent que les enfants d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier, et que l’institution a du mal à s’adapter aux nouveaux comportements et manières d’être des élèves (notamment en terme de concentration). On a pu observer que de nombreux parents « se sentent démunis » et qu’ils sont en recherche de solution. De même, il a été dit que les situations peuvent varier énormément d’une école ou d’un cycle à l’autre et qu’il est difficile de généraliser sur « une situation » de l’éducation nationale, bien qu’il ait été souligné à plusieurs reprises que le passage de l’école primaire au collège est difficile pour les parents (comme pour les élèves), qui se sentent « abandonnés ». D’autres ont plus insisté sur le manque de prise en compte par le système éducatif des intelligences multiples ou du manque d’éducation aux émotions (ce qui permettrait aux enfants de mieux comprendre ce qui leur arrive, de mieux accepter certaines situations, et de rebondir de façon positive face à des situations d’échec notamment). L’idée d’utiliser une « communication non violente » (ou « CNV », voir notamment ici) est ainsi revenu plusieurs fois dans le débat.

Ont aussi été dénoncé le manque de moyen et une forme de violence institutionnalisée  vis à vis des élèves qui sont toujours les grands perdants des différentes réformes selon certains. D’autres intervenants préféraient exprimer le fait qu’il ne faut pas tout attendre du système scolaire ou de tel ou tel ministère, et que les solutions sont à trouver ensemble, dans la société. Les propos d’un professeur de collège n’étaient pas si éloignés quand il disait l’importance pour le bien-être des élèves que l’équipe pédagogique reste unie avant tout. Une autre participante a regretté que les équipes pédagogiques ne parlent aux parents que de ce qui ne va pas: « Cela apaiserait les tensions s’il y avait une communication aussi quand ça va ». On comprend bien que ce n’est pas par négligence mais bien à cause d’une surcharge de travail que l’on en arrive à cette situation. Cependant il importe de faire attention à ce type de remarque car au final, pour reprendre les mots d’un autre intervenant, « le moteur pour apprendre est l’envie ». Vers la fin des échanges, une personne qui connaît l’école de l’intérieur est intervenue en dénonçant la violence intrinsèque d’un système qui lie résultat scolaire et choix d’avenir, et a questionné l’assistance sur le type d’école que l’on souhaite: une école qui amène à une orientation, c’est à dire qui sélectionne et divise entre « bons » et « mauvais », ou une école qui éduque et enseigne des valeurs?

Car il faut bien conclure…

Comme on peut le constater, les échanges ont été à la fois intenses et bienveillants. Bien que le débat se soit parfois écarté du sujet initial pour s’élargir à un questionnement en profondeur de notre système d’éducation en tant que tel, il a pourtant permis de dégager quelques lignes d’analyses concrètes. Notamment, il aura mis le doigt sur certaines contradictions et les parents présents seront repartis de la soirée avec de nouvelles ressources. Reste à savoir comment l’éducation nationale abordera dans les années à venir les défis qui l’attendent concernant ce sujet du rapport entre les parents et le corps enseignant, dans un contexte de désamour et de méfiance grandissant. Car dans notre modèle de société l’école a été et reste aujourd’hui encore la réponse a beaucoup de défis d’ordre sociaux et philosophiques et il serait inconscient de ne pas investir en elle nos espoirs et notre énergie.

Pour aller plus loin:

http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i2117.asp

http://www.epe45.fr/qui-sommes-nous

http://www.fcpe45.net/

https://www.facebook.com/Eclipsa45/

https://www.instagram.com/eclipsa45/

http://www.arteliers.org/

Et n’hésitez pas à nous écrire pour nous faire part de vos besoins et/ou à laisser ici vos commentaires!

 

#ProjectionLS 2018

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#ProjectionLS est un nouveau projet d’éducation populaire mis en place par l’association ECLIPSA au début de l’année 2018. Son objectif est la construction de savoirs collectifs et de liens sociaux pérennes, le renforcement de pratiques citoyennes, culturelles et artistiques, et l’implication des habitants et usagers du quartier d’intervention dans la recherche de solutions à leurs problématiques.

 

Son idée de base est simple: un sujet, un film, un débat.

Un sujet: sur un thème de société actuel, choisi par nos adhérents, et en fonction des problématiques propres au quartier

Un film: une fois par mois, le plus souvent documentaire, dans tous les cas ludique et intéressant, et choisi par l’équipe pédagogique de l’association

Un débat: un échange constructif suite à la projection, dans des valeurs de tolérance et bienveillance, et en cherchant à faire remonter des problématiques locales

#ProjectionLS cherche donc à impliquer les habitants et usagers du quartier, de la construction du projet à la réalisation d’actions concrètes, en passant par le choix des thématiques à traiter en priorité. De la sorte, il est ouvert à toutes propositions sérieuses provenant de ses différentes populations (étudiants, familles, habitants, travailleurs, etc.) qui peuvent, en participant au projet, trouver un média pour essayer de solutionner leurs problématiques.

Car l’objet de notre proposition n’est pas de se contenter de soulever des problématiques, mais aussi d’en trouver les solutions concrètes. Pour cela, nous nous appuyons sur la force du groupe qui, à l’occasion d’une réunion mensuelle, se réunira pour réfléchir collectivement à la manière de résoudre les problèmes soulevés lors des débats. Nous avons en effet la conviction que la solution d’un problème social ne peut venir que de l’intelligence collective. Nous appelons ce groupe, le « Groupe Opérant » en référence au grand théoricien argentin de l’éducation populaire et de la psychologie sociale Enrique Pichon Rivière.

Par ailleurs le projet cherche à impliquer les acteurs institutionnels de façon à sensibiliser sur nos méthodes et problématiques et à obtenir de véritables leviers d’actions pour favoriser l’émergence de solutions. Chaque sujet évoqué est donc l’occasion de se rapprocher de nouveaux acteurs et de faire grandir la participation autour du projet, tout en faisant fonctionner les solutions et les canaux déjà existants.

Géographiquement parlant, #ProjectionLS est principalement implanté sur le quartier de La Source à Orléans (quartier historique d’intervention d’Eclipsa). Mais il a également vocation à se déplacer à l’Argonne et aux Blossières dans le cadre de partenariats avec les associations « ID Initiatives et Développement » et « Aselqo Blossières », pour au moins une projection dans chacun de ces quartiers courant de l’année 2018. A la Source, il s’appuie sur un partenariat avec « Les Arteliers de la Source »  (incubateur de projets culturels et artistiques au cœur du quartier) qui nous donne l’accès à une salle de 100m² pour les projections et à un certain nombre d’autres ressources. Notre objectif est à terme d’impliquer dans le projet les artistes intervenant aux Arteliers, de sorte à utiliser l’art comme média pour la compréhension et l’expression d’une situation donnée.

Finalement nous avons espoir que, chemin faisant, cette proposition prospère et se poursuive dans les années à venir, dans sa forme actuelle ou dans une autre à définir. En effet, notre ambition est d’inscrire ce rendez-vous mensuel dans le paysage culturel du quartier de la Source. Pour cela nous aurons besoin de l’intervention de plusieurs éléments essentiels: tout d’abord une réelle participation de la part du public visé à l’occasion de la diffusion des films, et un véritable engagement d’un « noyau dur » (le « groupe opérant »), sans quoi rien ne sera possible. Mais nous avons aussi besoin d’un soutien de la part de nos partenaires, notamment d’un point de vue financier. En effet, pour permettre l’accès au plus grand nombre les diffusions sont gratuites, et nous dépendons principalement de dons, d’adhésions et de subventions pour nos besoins financiers.

 

Ce projet vous intéresse? Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues! Rentrez en contact avec nous en nous écrivant à eclipsa45@hotmail.fr ou en nous appelant au 0640997916.

 

Pour aller plus loin :

http://www.arteliers.org/

https://www.facebook.com/Eclipsa45/

https://www.instagram.com/eclipsa45/

https://www.larep.fr/orleans/loisirs/art-litterature/2018/03/17/eclipsa-a-la-source-se-lance-dans-un-projet-ambitieux_12776836.html

https://jad-magazine.fr/projection-et-debat-sur-la-mixite-aux-arteliers-de-la-source/

Contrat de ville: Appel à projet 2018 : http://www.loiret.gouv.fr/Politiques-publiques/Solidarite-hebergement-logement-et-populations-vulnerables/Politique-de-la-ville-Cohesion-sociale-egalite/Contrats-de-ville-Appels-a-projets-2018

#ProjectionLS : Mixité sociale à La Source

Notre RDV du 17/03/2018 dans le cadre du projet #ProjectionLS aura été l’occasion de nous intéresser collectivement à la question de la mixité sociale, par l’intermédiaire de la diffusion du film « Avenue Jenny » et d’un débat sur la question de la mixité dans le quartier de La Source.

Vaste question que celle de la mixité sociale ! Ce choix de sujet de la part de nos adhérents nous met une fois encore à l’épreuve. Chaque personne peut avoir une conception différente de ce sujet et de cette expression (qui est elle-même à comprendre dans son contexte, voir notamment : http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7296.html ). Le choix du film nous permet donc de cadrer un peu la question en lui donnant une teinte particulière, notamment en introduisant un angle d’approche. « Avenue Jenny » avait rapidement attiré notre attention de par son positionnement, loin de tout jugement, et pour les caractéristiques sociales, géographiques et architecturales du quartier filmé, caractéristiques qui peuvent être en partie comparées à la situation du quartier de La Source.

En effet, le film décrit un quartier moderne, au pied de la Défense, constitué d’immeubles d’habitations qui se veulent « une ville dans la ville », au côté d’un quartier plus ancien et hétéroclite, plus populaire aussi. Deux façons de vivre, deux conceptions de la ville. Et surtout, deux populations qui ne se connaissent pas, ne se parlent pas, ne se comprennent pas. Un peu comme à La source en somme, quartier créé de toute pièce et divisé (schématiquement) entre d’un côté des zones pavillonnaires et d’un autre des habitats collectifs, horizontalité et verticalité s’excluant l’une l’autre. Manque de communication et préjugés sont, dans un cas comme dans l’autre, monnaie courante.

Dans le cadre du débat qui a suivi la projection du film (et dont nous allons chercher à retranscrire ici les principales idées) la similitude entre les deux situations n’est pas apparue aux participants comme évidente, en tout cas dans un premier temps : « Ici c’est pas la Défense, il n’y a pas d’argent » ; « Les seuls chèques qu’on a nous, c’est les chèques postaux ! ». Très vite, la discussion prend la direction de la mutation des villes, et des choix politiques qui les sous-tendent pour gérer l’habitat de la « faune humaine ». Aujourd’hui, le modèle privilégié semble être celui de la « Ville artificielle » comme dans le cas de la Villapollonia (cité moderne décrite dans le film), mais «  Quel lien y a-t-il avec l’extérieur ? Ils vivent sur une île ces gens là ! » ; « C’est sinistre ! ».

D’autres participants s’expriment, soulignant cette fois-ci les similitudes entre les deux situations : « Les mêmes problèmes de communication ». « Ici ce sont pleins de petits îlots séparés, il faudrait faire intervenir un sociologue pour décrire tout cela, il y aurait de quoi dire ! » et de rajouter : « Les gens ne se connaissent pas entre les différents îlots ».Rapidement un parallèle est fait avec la question de la passerelle (passerelle sur l’avenue de la bolière au niveau de 2002 que la mairie d’Orléans projette de détruire ndlr) : « Ça va encore plus couper les espaces entre eux ». Une information circule entre les participants pour participer à une réunion d’information concernant la destruction de la passerelle qui aura lieu le 26 mars prochain.

Autre problème soulevé :la question du centre-ville, jugée comme essentielle pour la rencontre et donc, in fine, pour la mixité sociale : « Ici ça a été créé de toute pièce, il n’y avait pas de centre ville naturel, mais ça c’est organisé autour de 2002 . Ensuite on a étalé les commerces, et il n’y a plus de centre maintenant.» « Ça manque, maintenant on n’a plus que le marché pour rencontrer des gens ». Le manque de centre ville, mais aussi de commerces et de lieux de rencontres (bar ou restaurant par exemple), ou encore la future fermeture du Carrefour contact du côté de l’Indien sont montrés du doigt à plusieurs reprises au cours de la soirée. « Ici c’est kebab, kebab, kebab ! »

Autre vecteur de mixité sociale à la Source : l’école (primaire, collège, lycée) qui semble ici jouer son rôle de mélange de populations socialement différentes. Bien que certains se plaignent de la mauvaise réputation dont souffrent les établissements scolaires du quartier, la plupart des participants sont d’accord pour dire que de nombreux professeurs se battent pour que l’école fonctionne à La Source, et soit vecteur d’élévation sociale. Une autre personne parle du Square Adélaïde de Savoie comme d’un exemple de lieu propice à la rencontre et à la mixité sociale sur La Source « Plus de 50 familles qui cultivent, se rencontrent et échangent. Il est est ouvert en permanence et il n’y a jamais de vol de matériel. Le seul défaut c’est qu’il n’y a pas assez de lieu comme celui-ci ! »

Le débat revient sur la question des politiques d’urbanisation, notamment le manque de prise en compte, malgré un intérêt de façade, de la volonté des habitants comme dans le cas des rénovations dans le cadre de l’ANRU. « Il faut pouvoir s’approprier un projet si on veut qu’il fonctionne. » La résidentialisation (de plus en plus privilégiée dans le quartier depuis ANRU 1 ndlr) est également montrée du doigt : « La résidentialisation, ça crée des barrières, ça coupe. On n’a plus maintenant cette qualité de vie qu’on avait avant à la source. »

Un autre participant pointe du doigt le fossé existant entre les étudiants de l’université et les habitants de la source. Le manque d’échange entre les deux populations est un véritable manque à gagner, pour les uns comme pour les autres. Un autre dit, volontairement provocateur: « Il existe bien des lieux de rencontres à la source : c’est l’église et la mosquée ! » pointant du doigt le fait que les groupes qui s’évitent ont aussi des attributs religieux (en plus de leurs caractéristiques sociales, ethniques et géographiques notamment).

Une autre personne demande la parole, en s’excusant d’avance pour son niveau de langue française: « Le problème dont vous parlez ici, c’est un problème de mentalité et de cœur. La mixité ça ne se décrète pas. Ici, ça manque de respect, personne ne dit bonjour. Pour parler de mixité, il faut d’abord un peu d’ouverture. » D’autres personnes interviennent pour aller dans son sens : « J’ai le même problème, les gens ne répondent pas quand je dis bonjour, alors je ne le dis plus ! » « C’est propre à Orléans, à Tours je n’avais pas ce problème. ».

La discussion arrive à son terme avec cette idée, arrivée tardivement, mais qui aura produit son effet : le problème de la mixité ne vient peut-être pas uniquement du comportement des autres, mais aussi de l’attitude que chacun développe vis à vis des autres. Pour qu’il y ait mixité, il faut avant tout qu’il y ait rencontre, échange et communication…

Pierre Simon

Association Eclipsa

 

Ce sujet vous intéresse et vous voulez poursuivre la discussion ? Pour cela deux solutions : par le biais de vos commentaires (ici ou sur nos pages facebook et instagram @Eclipsa45) ; ou en participant à notre prochaine réunion au local d’Eclipsa (4 rue Lafayette 45100 Orléans la Source) le vendredi 06 avril 2018 à 17h. Réunion qui sera l’occasion de revenir sur la soirée du 17 mars, mais aussi de discuter des prochains sujets qui seront abordés dans le cadre de #ProjectionLS et de travailler sur les actions collectives à développer  pour trouver des solutions aux problèmes soulevés !

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Nouveaux statuts, nouveau conseil, nouveau bureau, nouveau président

L’Assemblée générale extraordinaire de l’association Eclipsa s’est réunie le vendredi 14 février pour modifier ses statuts et renouveler son conseil d’administration.

Pour l’essentiel, les nouveaux statuts précisent la vocation familiale, sociale éducative et laïque de l’association, dont la signification du nom ECLIPSA est modernisée.

ECLIPSA comme « Expression Citoyenne Laïque pour l’Initiative Populaire Sociale et Associative ».

L’association a par ailleurs engagée un processus d’affiliation à la Confédération Syndicale des Familles (CSF), membre de l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF).

Le Conseil d’administration est désormais composée de 10 membres.

Il a désigné en son sein son bureau dont la composition est la suivante :

  • Président : Marc Hubert
  • Vice-présidents : Marguerite Charliet et Eric Yete
  • Trésorier : Eric Pépin
  • Secrétaire : Gilles Kounowski

 

photoNotre nouveau Président

Fresque pour la démocratie et la laïcité

Les membres de l’association Eclipsa ont réalisé à la fin de l’année 2012 une grande fresque consacré à la démocratie à l’école et à la laïcité.

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Ce travail a donné lieu à la réalisation d’un kit pédagogique retraçant l’ensemble du projet, des étapes de sa réalisation et de ses résultats. Il a été remis aux principaux financeurs du projet.

ECLIPSA réveillonne à la Source : ensemble et solidaires

Après le goûter de Noël, les familles de l’association ECLIPSA ont organisé un réveillon à la Source qui a rassemblé une cinquantaine de personnes le soir de la saint-Sylvestre.

La préparation de cette soirée a mobilisé les talents de tous, parents et enfants, non sans fébrilité pour n’oublier aucun détail : invitations, cartes de vœux, décorations…

Mais sa réussite doit beaucoup au partenariat enthousiaste qui s’est noué avec le restaurant de l’Étage* d’Orléans. Grâce à sa générosité, son cuisinier a réalisé le menu imaginé par les familles et assuré sur place le service avec ses proches, moyennant une modeste contribution financière des familles.

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Pascal Debray notre sympathique cuisinier pour la St Sylvestre

Tantôt clown, tantôt Johnny ou Edith Piaf, Joëlle avait concocté un spectacle cabaret qui, entre les plats, a nourri de rires et d’émotions les participants dans toute leur diversité d’âges, de situations et de cultures.

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On a chanté, on a dansé et on s’est embrassé au premier coup de minuit.

Le centre saint-Yves, mis à disposition par la paroisse de la Source, résonne encore de ces moments qui, avec les seuls moyens du bord, ont joyeusement ouvert 2013 dans la chaleur de la fraternité humaine. Si les problèmes de chacun demeurent, ce qui a été vécu ensemble les rend en ce début janvier moins lourds à porter.

Exposition Tinttin chez les Sourciens et fresque sur la justice

Dans le cadre du projet « Tintin chez les Sourciens » réalisé grâce au soutien de la société Predica (assurances du Crédit agricole) et de sa fondation « courte échelle », une  première exposition des œuvre a été organisée le mercredi 7 décembre 2011 à la Maison des associations de La Source.

En plus des réalisations tintinophiles des enfants et des jeunes, était présentée la fresques « grafiti » réalisée en collaboration avec la Fédération des œuvres laïques du Loiret et l’association « Urban Colors » (http://urban-colors.skyrock.com/), sur le thème de la justice. Cette fresque doit aussi être exposée dans le cadre du Forum des droits de l’Homme.

Quant à l’exposition Tintin chez les Sourciens, elle pourrait être prochainement proposée au Lycée Voltaire de La Source.

Quelques photos prises pendant le « vernissage » :